1831, une grande misère | Biographie


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1830-1831, la chute

Voilà quelques mois que Claude Montal a quitté l’Institution royale. Il loge maintenant à 900 mètres de son ancienne école dans une petite mansarde du quartier « École de Médecine » 1, au 16 de la rue Poupée.

Le vent de liberté porté par la Révolution de juillet a balayé ses certitudes et a laissé place au plus grand désarroi. Il comptait pouvoir continuer d’accorder quelques instruments de l’Institution royale, mais on ne lui offre plus aucune opportunité… Il comptait bien pouvoir donner des leçons de piano, mais il n’y réussit pas réellement.

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Vue de la Rue Dauphine depuis le Pont-Neuf
Paris, 1830

Quelques leçons de musique à dix sous et une pension de 150 fr par mois, perçue en qualité de pensionnaire externe de l’hospice royal des Quinze-Vingts, ne lui permettaient pas de subvenir correctement à ses besoins.

De novembre 1830 à février 1831, la France subit l’hiver le plus froid qu’elle ait connu. Montal était confronté aux pires conditions de vie qu’il n’avait jamais rencontrées… Des épidémies de grippe et de choléra frappèrent. Le seul choléra fut la cause d’environ 19000 décès en six mois pour la ville de Paris, interrompant quasiment toute vie culturelle.

Son dossier 2 de sortie de l’Institution royale soigneusement constitué dès 1829 3 ne lui permit finalement une admission à l’hospice des Quinze-Vingts qu’en juillet 1831 4. Celle-ci fut rapidement suivie d’une inscription au « Livre des pauvres » du Bureau de la Charité, XIe arrondissement 5.

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1831-1832, les premières reconnaissances

A l’Institution royale des Sourds-Muets, deux comités de bienfaisance œuvraient pour le placement 6 des jeunes à leur sortie de l’Institution. La comtesse de Sainte-Aulaire 7, épouse de Louis de Beaupoil, appartenant à celui des « Dames », avait pris le parti d’aider l’aveugle Montal. Et c’est bien grâce à son patronage et à ses recommandations que Claude Montal put former, dans un premier temps, une petite clientèle autour de l’accord de piano.

Peu à peu, il fut mis en relation avec quelques professeurs du Conservatoire, et notamment avec Adolphe Laurent 8, artiste d’un talent distingué et du caractère le plus honorable, professeur-adjoint honoraire tenant la classe préparatoire de Piano du Conservatoire de musique… Celui-ci, convaincu par la méthode remarquable que Montal déployait lors de l’accordage, et encore plus par les résultats obtenus.

Il présenta Montal à ses confrères comme « le meilleur accordeur de Paris ». Il le recommanda particulièrement à Pierre-Joseph Zimmermann, professeur de classes spéciales pour les hommes de Piano et à Jean-Louis Adam, professeur de classes spéciales pour les femmes et père du célèbre compositeur Adolphe Adam. Ces éminents professeurs lui firent le meilleur accueil, lui procurèrent l’entretien des pianos de leurs élèves, et l’autorisèrent à se recommander partout de leur suffrage.

Dès lors, la mention « Accordeur des Professeurs de Piano les plus célèbres du Conservatoire » figurera sur l’ensemble des publications de Claude Montal…

Jacques Bonnaure, professeur de lettres
Thierry Géroux, directeur de la commémoration nationale « Claude Montal, VIP-2015 »

 

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1. Ancien XIe arr. La rue Poupée fut détruite par les travaux d’Haussmann lors du percement du Boulevard Saint-Michel (carte) réalisés en 1855-1856.
2. Nombreux certificats (cécité totale, présence à l’Institution royale, indigence familialeconfessionnel…) et une correspondance en vue d’intégrer l’hospice des XV-XX.
3. La mort de son ami Tourasse-Maupas en 1828 et la faible rémunération des répétiteurs de l’Institution royale des jeunes Aveugles incitèrent Claude Montal à quitter l’Institution. Dès juin 1829, il s’y prépare…
4. « Membre Aveugle de l’Hospice des XV-XX » du 9 juillet 1831 au 1er janvier 1843. Il faut remarquer que la mère de Claude Montal, Marie Sayet, veuve depuis 1820 de Claude Montal (I, le père), vivait alors à Lapalisse chez son deuxième fils Jean-Baptiste Benoît. Reconnue indigente en 1829, elle n’a pu matériellement aider son fils Claude à sa sortie de l’institution. Aussi, dès le 1er avril 1830, Claude Montal put être enregistré en qualité de pensionnaire externe de l’hospice des XV-XX et percevoir ainsi une pension mensuelle de 150 fr.
5. Le nombre d’arrondissements de Paris passe de douze à vingt lors de sa restructuration en 1860. L’ancien XIe arrondissement réunissait les actuels IVe, Ve et VIe
6. Almanach royal et national 1831, p 882.
7. Très dévouée, la comtesse de Sainte-Aulaire deviendra présidente du comité de bienfaisance. Almanach royal et national 1836, p 962.
8. Il possédait deux pianos, un pianino et un autre à queue de fabrication très différente, qui n’avaient jamais pu être accordés au même diapason… Avant l’arrivée de Montal !

 

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